Homélies depuis septembre 2025
Dédicace du Latran 2025 – Ez 47,1-12 ; Ps 45 ; 1 Co 3,9-17 ; Jn 2,13-22.
La maison évoquée par Ézéchiel est le temple de Jérusalem. Celui-ci a deux fonctions : Il est la résidence du Seigneur en son peuple. Il est aussi le lieu où les Israélites offrent au Seigneur divers sacrifices pour de multiples raisons.
Dans la vision d’Ézéchiel la maison assume une toute autre fonction : il est la source d’une eau qui coule jusqu’à la Mer Morte, cette mer où aucun poisson ne peut vivre à cause de sa trop forte salinité. Cette eau porte une puissance de vie qui assainit la Mer Morte et favorise la prolifération des poissons comme la croissance de toutes sortes d’arbres au fil du torrent où elle s’écoule. Ainsi en cette vision le temple est la source d’une vie plus forte que la mort.
L’expulsion des marchands par Jésus accomplit la vision. Le temple est certes la maison du Seigneur car Jésus affirme qu’elle est la maison de son Père. Mais il est dénaturé par le trafic qui s’y déploie. D’où l’expulsion des commerçants. Et aux Juifs qui lui demandent un signe qui l’y autorise Jésus répond en leur proposant de participer à la production de ce signe : détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai. Et bien plus tard les disciples comprendront que le corps qui est sorti du tombeau au matin de Pâques prend le relais du temple car il est porteur et source d’une vie plus forte que la mort. Ainsi l’intervention de Jésus signifie que le temple de Jérusalem a fait son temps car même purifié il ne donne pas accès à la vie éternelle.
La maison source de la vie éternelle, la véritable maison du Père, est donc ce corps qu’il construit à partir de Jésus Christ ressuscité. Il en est la pierre de fondation qui partage sa vie à tous ceux que le Père y agrège notamment par les sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, confirmation, communion). D’où la mise en garde de Paul : que chacun prenne garde à la façon dont il contribue à la construction car s’y opposer c’est choisir la mort contre la vie. Vérifions à la lumière des Évangiles si nous manifestons la Vie reçue du Père par son Fils et demandons au Père la force de l’Esprit Saint pour que nous la manifestions vraiment.
Olivier Petit.
31e Dim C 2025 – Sg 11,23-12,2; Ps 144; 2 Th 1,11-2,2; Lc 19,1-10.
Pour St Paul le jour du Seigneur est le jour où celui-ci active notre foi et nous donne d’accomplir tout le bien que nous désirons par une rencontre semblable à la rencontre de Zachée avec Jésus !
Zachée est un homme menacé de submersion par la masse humaine qui y échappe en grimpant sur les collecteurs d’impôts puisqu’il est chef, sur une accumulation de richesse et sur un sycomore. Mais c’est Jésus qui le sauve en le reconnaissant comme unique entre tous quand il l’appelle par son nom et s’invite chez lui. Dès lors il n’a plus besoin de dominer pour exister.
Et lui le fils d’Abraham sauvé par le Fils de l’homme fera pour d’autres ce que Jésus a fait pour lui ! Ainsi nous qui bénéficions du Salut de Dieu comme Zachée nous le diffusons en reconnaissant les autres comme unique de même que Jésus avec Zachée ! Ainsi nous exaltons notre Dieu, nous bénissons notre Roi car nous accomplissons son désir lui qui aime tous les humains et ne veut en perdre aucun.
Mais au fait, quelle sœur ou quel frère de Jésus nous a reconnu quand nous étions perchés sur notre sycomore et s’est invité chez nous de même que Jésus ? Rendons grâce pour elle, pour lui ! Rendons grâce aussi pour les femmes et les hommes par lesquels les défunts qui nous rassemblent aujourd’hui, ont découvert qu’ils étaient uniques ! Rendons grâce aussi pour toutes les fois où ces mêmes défunts ont donné à d’autres d’être unique !
Olivier Petit.
Toussaint 2025 – Ap 7,2-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mat 5,1-12.
Les personnes constituant la foule immense qui revient de la grande épreuve ont blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau. Qui sont ces personnes ? Quelle est cette grande épreuve ? Quel est ce sang qui blanchit au lieu de rougir ?
Ces personnes sont les femmes et les hommes qui affrontent la mort, le mal et le péché – c’est cela la grande épreuve – en donnant leur vie par amour de même que Jésus Christ. Cet amour dont Jésus Christ est la source est le sang qui les vivifie ! Ces femmes et ces hommes sont saints à cause de cela et ils sont une multitude dont les 144 000 sont le révélateur.
Un saint se reconnaître parce qu’il est pauvre de cœur, parce qu’il a besoin d’aimer et d’être aimé ; parce qu’ils pleurent devant la violence du monde ; parce qu’ils répond à cette violence par la douceur ; parce qu’il est assoiffé de justice ; parce qu’il est miséricordieux c’est-à-dire capable de bienveillance à l’égard de tous sans exclusive ; parce qu’il a le cœur pur de toute perversion ; parce qu’il est persécuté pour la justice ; parce qu’il a un lien si fort à Jésus que certains s’en prennent à ce lien pour le blesser.
Une sainte, un saint chemine à la suite de Jésus Christ en aimant toujours plus. Son existence est un chemin au fil duquel elle ou il naît comme fils du Père que Jésus nous révèle et au terme duquel elle ou il rencontrera face à face ce même Père.
Reconnaissons les saintes et les saints qui nous entourent ! Rendons grâce pour eux et mettons-nous à leur école !
Olivier Petit.
30 dim C – 2025 – Sir 35,12…18; Ps 33; 2 Tim 4,6…18; Lc 18,9-14.
Le verbe grec que nous traduisons par « pécher » a pour premier sens « manquer la cible ». Un pécheur est donc quelqu’un qui rate sa cible. Dans la parabole rapportée par Luc, le pharisien a atteint parfaitement sa cible et il est très content de sa justesse. Au contraire le publicain a raté sa cible. Alors il sollicite la bienveillance du Seigneur qui entend l’opprimé, la veuve, l’orphelin, les pauvres pour qu’il l’ajuste.
Le pharisien décrit sa cible : ne pas être comme les autres hommes, jeûner deux fois par semaine, payer la dîme. En revanche le publicain ne dit pas ce qu’il vise. Mais Paul en parle. C’est le beau combat ou la course pour lesquels il va obtenir la couronne car en l’un et l’autre il a gardé la foi. En effet, depuis que sa justification sur le chemin de Damas il n’a cessé de croire et de proclamer que tous sont appelés à l’emporter avec Jésus Christ sur la mort, le mal et le péché.
De même que le publicain, que Paul et ses compagnons, reconnaissons que nous ne sommes pas à la hauteur du désir de Dieu pour nous ! De même que le publicain, que Paul et ses compagnons, réclamons à Dieu de toujours nous ajuster sur son désir et de ne pas faiblir dans le beau combat de la foi que nous livrons, et de ne pas faiblir dans la proclamation de l’Évangile pour lequel nous courrons.
Père, par ton Esprit Saint justifie tes filles et tes fils, pour que nous incarnions ton amour à la suite du Christ et proclamions ainsi ta Bonne Nouvelle sans faiblir !
Olivier Petit.
29èmedim. ordi C – 2025 – Ex 17,8-13 ; Ps 120 ; 2 Tim 3,14-4,2 ; Luc 18,1-8.
Paul rappelle à Timothée que lire les Écritures affermit notre foi et ajuste notre parole sur le Seigneur ainsi que sur nos frères et sœurs. Ainsi la lecture des Écritures nous met à l’ombre du Seigneur, notre gardien, évite à nos pieds de glisser et éclaire notre vocation.
De même que Moïse, les bras levés en croix, intercède, avec le soutien d’Aaron et de Hour, pour les fils d’Israël livrant bataille aux Amalécites, de même que Jésus, les bras cloués sur la croix, intercède pour la création, nous intercédons auprès du Père pour nos contemporains livrant bataille de tous les côtés à la mort, au mal et au péché !
De même que la veuve assomme le juge inique par son insistance, nous intercédons pour nos contemporains, qui sont tous des élus de Dieu car celui-ci désire le salut de chacun. Voilà comment nous sommes les gardiens de nos frères et sœurs de même que Moïse garde Israël !
C’est donc en nous que le Fils de l’homme revenant sur terre trouve la foi. Mais encore faut-il que nous soyons attentifs aux attentes, aux désirs, aux espérances de nos contemporains et discernions ainsi leurs prières.
Père, donne-nous cette attention juste, fine et bienveillante à l’égard de nos contemporains dont Jésus témoigne d’un bout à l’autre des évangiles afin d’en entendre les prières pour que nous te les adressions ! Qu’ainsi nous assumions au mieux notre mission de baptisé !
Olivier Petit.
28e dim. Ordinaire C 2025 – 2 R 5,14-17 ; Ps 97 ; 2 Tim 2,8-13 ; Luc 17,11-19.
Naaman le général Syrien, un païen, retourne chez Élisée dont il a accompli les paroles de salut et reconnaît le Dieu d’Israël. De même dans l’Évangile le samaritain – un hérétique – revient vers Jésus et reconnaît en lui la gloire de Dieu. Ce samaritain est le seul des dix à entendre que leur salut vient de ce qu’ils ont cru en la parole de Jésus. Ce samaritain représente la part qui en tout humain est susceptible de reconnaître Jésus Christ. Il s’agit de cette part étrangère, décalée, non conforme au monde et à la société qui se cache sous nos lèpres pour s’éviter des problèmes.
Et quand Paul invite Timothée à se souvenir de Jésus Christ et à s’ajuster sur la parole de foi qu’il lui transmet, il reconnaît en lui un autre Naaman ou un autre Samaritain qu’il établit témoin et serviteur de la réception, toujours croyante, mais inconsciente, par ses contemporains, de la parole de Dieu, autrement dit du Christ. Considérons l’actualité politique tant nationale qu’internationale. L’une et l’autre évoluent positivement quand les acteurs prennent le risque de la confiance, de croire en la parole de l’autre. En cette prise de risque, je reconnais l’œuvre de Dieu et lui en rend la gloire ! Ainsi d’immenses pécheurs accueillent la parole de Dieu qui fonde tout ce qui existe!
Rappelons-nous du moment où comme Naaman et le Samaritain nous sommes revenus à la source de la parole qui nous fait vivre ! Reconnaissons aussi comment elle agit autour de nous et rendons-en gloire à Dieu !
Olivier Petit.
27e dim. C 2025 – Hab 1,2…4 ; Ps 94 ; 2 Tim 1,6-14 ; Lc 17,5-10.
Aux apôtres qui lui demandent d’augmenter leur foi Jésus répond qu’avec très peu de foi une parole peut déplanter de terre un arbre pour le planter en mer. Si la foi est là, la parole est efficace. Si elle n’est pas là, la parole est un discours. La foi est où n’est pas. Entre sa présence et son absence il n’y a pas de gradations intermédiaires.
Déplanter un arbre de la terre pour le planter dans la mer, c’est ce que vit le serviteur quand il passe du travail aux champs au service de la table, quand il passe de la production au service de la convivialité. Et les disciples de Jésus sont de véritables croyants quand ils vivent ce passage et en tirent la satisfaction d’être des serviteurs « inutiles », non pas « simples » car il bien écrit dans le texte original en grec « inutile » non pas « simple ». Le serviteur ou la servante inutile accueille donc la parole qui l’invite à passer de la production au service de la convivialité. Ainsi la foi est à l’œuvre quand nous entendons la parole du maître et passons de la place utile que nous assigne la société et l’économie au service inutile de la convivialité et de la fraternité.
Pourtant le service inutile est indispensable. Que sont nos existences sociales et professionnelles sans fraternité et de convivialité ? Un véritable enfer. Ainsi le service inutile n’a pas de prix ! Et rendre témoignage à notre Seigneur, annoncer l’Évangile, de même que Timothée, c’est servir la fraternité à l’appel de Jésus Christ qui donne sa vie gratuitement, inutilement, pour renouer la relation des enfants avec le Père et entre eux. Assurer ce service inutile c’est vivre fidèlement tel un homme ou une femme juste à l’âme droite selon les mots d’Habacuc. Discernons comment tenir encore mieux le service inutile auquel nous appelle notre Maître et Seigneur.
Olivier Petit.
Croix Glorieuse 2025 – Nb 21,4b-9 ; Ps 77 ; Ph 2,6-11 ; Jn 3,13-17.
Selon Paul, Dieu a donné la plus haute place à Jésus Christ en le dotant du nom qui est au-dessus de tout nom, parce qu’il en a incarné la parole jusque dans la plus indigne des morts, celle des esclaves. Au long de cet abaissement, dans cette humiliation, Jésus n’a cessé de vivre en Fils ! C’est pour cela qu’à son nom tout genoux fléchit dans le ciel, sur la terre et aux enfers et que toute langue le qualifie de Seigneur. Ainsi alors qu’il atteignait le comble de l’humiliation, Jésus accédait à la plus haute dignité. Mais fléchir le genou au nom de Jésus et proclamer qu’il est Christ et Seigneur avec la langue suppose cette foi au Fils de l’homme mise en évidence par Jésus dialoguant avec Nicodème. Ainsi les croyants accèdent à la vie éternelle et avec eux le monde, le cosmos.
Le ressort de cet acte de foi apparaît dans la première lecture. Confrontés à la mort mais désirant vivre, les Israélites cherchent le Salut, et ils le trouvent en se tournant vers le serpent de bronze installé au sommet d’un bronze. Ainsi se tournent vers Jésus des femmes et des hommes qui se découvrent mortels en leur chair car le témoignage de l’Église, tel le serpent de bronze perché sur un mât, atteste qu’il est mort et ressuscité. Alors pour l’emporter sur la mort, dans un acte de foi, qui les ouvrent à l’Esprit Saint, ils obéissent à Dieu en toute situation, en prenant le chemin que leur a ouvert Jésus. Ainsi la Croix, instrument sadique de mise à mort, est le signe de la victoire sur la mort non seulement de Jésus Christ et de ses disciples mais aussi de la création ! Ainsi passe par la Croix à la suite de Jésus Christ qui aime jusqu’au bout ! Discernons les situations où il nous est difficile d’aimer et demandons la grâce de l’Esprit Saint pour y arriver ! Olivier Petit.
23e dim ordi C 2025 – Sag 9,13-18 ; Ps 89 ; Phil 9-17 ; Lc 14,25-33.
Voici la traduction littérale du début de l’évangile de ce jour. « Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, son épouse, ses enfants, ses frères et sœurs, et même sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple ». Ainsi nous venons à Jésus avec cette croix qu’est la haine qui nous habite à l’égard du prochain, cette haine qui conduit Caïn au meurtre d’Abel. Est un véritable disciple de Jésus, accède à la Sagesse de Dieu et accueille l’Esprit Saint, la personne qui admet qu’elle est habitée par cette haine. Ne l’avons-nous pas reconnu au début de cette messe quand nous nous sommes reconnus pécheurs ?
Mais grâce à l’Esprit Saint nous bâtissons sagement nos existences avec les autres en ne laissant pas libre cours à cette haine quand nous sommes tentés de les ajuster à nos rêves et projets. Tel un bon entrepreneur nous évaluons si ces derniers sont réalisables avec les autres tels qu’ils sont. Pour cela nous dialoguons avec eux tel un roi choisissant de négocier avec l’ennemi plutôt que de le combattre. Procédant ainsi nous renonçons à nous-mêmes, c’est-à-dire à l’exacte réalisation de de nos rêves et projets. C’est ainsi nous incarnons la Sagesse du Père de même que Jésus. Paul fait écho à ces propos de Jésus quand il invite Philémon à recevoir son esclave Onésime comme son frère. Il l’invite à passer de la haine et de la violence de l’esclavage à l’amitié de la vie fraternelle !
Nous avons déjà vécu ce passage bien souvent. Mais discernons si nous n’avons pas encore à le revivre : quel Onésime devons-nous recevoir comme un frère, comme une sœur ? Et demandons au Seigneur la force de son Esprit pour y arriver !
Olivier Petit.